Depuis sa sortie en France en septembre 2023, Faire justice a fait couler beaucoup d'encre. Du 25 mai au 1er juin, Elsa Deck Marsault sera de passage au Québec afin de défendre les idées rassemblées dans son courageux premier essai.
Se saississant des théories abolitionnistes, Deck Marsault a cofondé le collectif FRACAS — au sein duquel elle milite encore aujourd’hui — qui soutient les démarches de gestion de conflits dans les milieux queers et féministes. Au-delà des principes, comment l’abolitionnisme pénal peut-il s’attaquer concrètement aux violences et aux conflits qui sévissent dans la gauche radicale, en évitant les pratiques punitives et ce que l'autrice qualifie de « moralisme progressiste » ?
Elle en discutera avec différentes intervenantes qui réfléchissent aux questions liées à la justice et à la violence à l’occasion de trois évènements:
Samedi 25 mai @ 10h
Constellation
CEDA salle 125
métro Lionel-Groulx
En conversation avec Laurence Perron
Après une thèse en sémiologie et en littérature comparée, Laurence Perron mène actuellement un projet postdoctoral sur la représentation littéraire et cinématographique des violences de genre dans les espaces juridiques au laboratoire L’art en procès de l’UQTR. Cofondatrice de l’espace d’exposition photographique La chambrée(Rennes), elle collabore également en tant que critique et essayiste aux revues Lettres québécoises, Moebius, L'inconvénient, Panorama Cinéma et Spirale, dont elle a assuré l’édition web de 2017 à 2023. Elle est actuellement Éditrice de la revue Liberté. Récemment, elle a lancé Queers en cavale, un cinéclub itinérant qui présente des films explorant les rapports joyeux entre queerness et criminalité. La publication de sa thèse (Queeriser l'enquête) aux PUR et aux PUM est prévue pour 2024.
Ludni 27 mai @ 17h30
Librairie l'Euguélionne
Expriences croisées avec Justice hoodistique
Discussion avec Nancy Zagbayon, animée par Sonia Alimi
Me Nancy Zagbayou est avocate inscrite au barreau d'Ontario. Elle a travaillé en tant qu'analyste financière sur Wall Street avant de faire ses études en droit à la faculté de droit de McGill. Elle est actuellement la chargée de projet de Justice Hoodistique à Hoodstock. Justice Hoodistique est un projet pilote de justice réparatrice par et pour les communautés noires qui vise à pallier la surreprésentation des personnes noires dans le système de justice. Nancy est également diplômée de l'université d'État de Caroline du Nord (NC State) où elle a obtenu des diplômes en science politique, en économie, et en langue française. Dans ses temps libres, Nancy enseigne le yoga et la méditation avec son entreprise The Yogini Nancy (IG @theyogininancy).
Sonia Alimi est féministe décoloniale antiraciste, enseignante en études féministes et poursuit un doctorat en sociologie.
Vendredi 31 mai @ 17h30
La Livrerie
La prise en charge des conflits dans les organisations de gauche
Discussion avec Myriam Zaidi, animée par Alexandra Pierre
Myriam Zaidi est une syndicaliste féministe et antiraciste qui milite pour la justice sociale à Montréal depuis plus de quinze ans. Aujourd'hui, elle pratique et étudie principalement l'éducation populaire dans les mouvements sociaux. Elle détient une maîtrise en éducation des adultes où sa recherche portait sur l’utilisation de l’éducation populaire par des centres de femmes de Montréal pour mobiliser et agir contre les politiques d’austérité, et poursuit présentement un doctorat en éducation. Dans le cadre de sa militance dans les mouvements étudiants, féministes et syndicaux, elle a souvent été impliquée dans des conflits internes aux organisations qui avaient eu un coût immense sur les personnes concernées. Elle souhaite partager son expérience et ses réflexions sur ces situations déchirantes afin qu'on puisse faire mieux dans nos mouvements, dans le but de refléter et atteindre nos idéaux sociaux et collectifs.
Alexandra Pierre milite et travaille dans le milieu communautaire québécois et dans les groupes de femmes depuis près de 20 ans. Elle s’intéresse aux enjeux féministes, de migration et de racisme. En 2020, elle est la première femme noire élue à la présidence de la Ligue de droits et libertés. Elle fait paraître l’essai Empreintes de résistances. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées en 2021 aux Éditions du remue-ménage. Dans ses temps libres, elle lit tout ce qui lui passe sous la main.
À propos de l'autrice
Militante lesbienne, Elsa Deck Marsault est née en France en 1995. Elle a cofondé Fracas, collectif queer et féministe d’entraide à la prise en charge des conflits et des violences en milieu intracommunautaire. Faire justice: Moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les violences sexistes est son premier livre.
À propos du livre
Là où le recours à la police en cas de violence n’est pas la solution mais un problème supplémentaire, il est tentant de trouver d’autres manières de faire justice. Or, malgré des intentions louables, les mesures mises en place dans les groupes militants sont souvent expéditives et les outils, empreints d’une philosophie punitive: menace, exclusion, harcèlement, dénonciation publique et discréditation politique. Comment sortir de cette impasse? La question est d’autant plus difficile qu’elle surgit au moment où les forces réactionnaires mènent une large offensive contre le prétendu «wokisme » pour mieux protéger ceux qui organisent les violences dans nos sociétés.
Ce livre propose une critique fine du moralisme progressiste et des pratiques punitives dans les luttes féministes et sociales. En se saisissant d’exemples concrets rencontrés au fil de son militantisme et en puisant dans les théories sur l’abolitionnisme pénal, Elsa Deck Marsault pose les jalons d’une justice transformatrice inventive dans laquelle le dialogue et l’horizontalité priment sur tout principe rigide. Car endiguer les violences, c’est aussi ne plus craindre le conflit, ne plus avoir peur de lutter.