Alexander Grothendieck et André Gorz (Écologie politique)
mardi, 19h, Café Les Oubliettes
Partie 1 : Alexander Grothendieck et « Survivre… Et vivre » (donnée par Noémi Bureau-Civil)
Étonnamment peu connu, Alexander Grothendieck (1928-2014) fut l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle. Secoué par la guerre du Vietnam, puis par la découverte du financement partiel par des fonds militaires de l’institut de recherche au sein duquel il travaillait, Grothendieck quittera sa prestigieuse institution. Avec «Survivre… et vivre», un mouvement de scientifiques critiques qu’il fonde en 1970 à Montréal, il initiera une profonde critique du complexe scientifico-militaro-industriel, qui a constitué l’une des sources d’inspiration importantes de la décroissance. Cette brève présentation nous invitera à nous poser la question on ne peut plus d’actualité formulée par Alexander Grothendieck : « Allons-nous continuer la recherche scientifique? »
Partie 2 : André Gorz (donnée par Andrea Levy)
André Gorz (1923-2007) fut l’un des précurseurs incontestés de la décroissance et l’un des premiers auteurs à utiliser le terme même. Cet intellectuel français d’origine autrichienne a contribué à conscientiser toute une génération aux enjeux de l’écologie notamment par sa chronique, publiée sous le pseudonyme Michel Bosquet, dans Le Nouvel Observateur au cours des années 1970. Dans son long parcours, ce socialiste libertaire antiproductiviste a abordé à peu près tous les grands thèmes de la décroissance et s’est consacré à analyser les impasses du capitalisme ainsi que la nécessité impérieuse de limiter l’emprise toujours grandissante du marché sur la société. Nous discuterons de plusieurs aspects clés de son œuvre tel que ses idées sur l’autolimitation des besoins, la réduction du temps de travail, le revenu universel, et les réformes révolutionnaires.
Présentation
Dans la bataille des idées, la « décroissance soutenable » ne cesse de gagner du terrain depuis une vingtaine d’année maintenant. Il reste que cette proposition politique révolutionnaire n’est pas toujours simple à comprendre, notamment parce qu’elle transgresse les clivages politiques auxquels nous sommes accoutumés. Pour mieux l’appréhender, une solution consiste à explorer les pensées dont elle s’est nourrie. C’est ce que les membres du collectif de recherche Polémos-décroissance tenteront de faire dans le cadre de ce cours, en présentant les idées et les parcours de quelques penseurs issus d’horizons divers que l’on peut considérer comme des précurseurs de la décroissance.
Professeurs : Polémos-décroissance
Coordination : Yves-Marie Abraham
Professeur-e(s)
Yves-Marie AbrahamYves-Marie Abraham est professeur à HEC Montréal, où il enseigne la sociologie de l’économie et mène des recherches sur le thème de la décroissance. Après avoir co-dirigé la publication de Décroissance versus développement durable : débats pour la suite du monde (2011) et de Creuser jusqu’où? Extractivisme et limites à la croissance (2015), il a publié récemment chez Écosociété une synthèse personnelle sur la décroissance, intitulée Guérir du mal de l’infini. Il est par ailleurs responsable de la spécialisation en gestion de l’innovation sociale au sein de la Maîtrise à HEC Montréal, où il offre un cours sur la « décroissance soutenable » depuis 2013. Yves-Marie Abraham est également membre du collectif de recherche indépendant « Polémos décroissance ».
Ambre FourrierAmbre Fourrier est doctorante en sociologie à l’UQAM, et autrice de l’essai paru chez Écosociété en 2019 : Le revenu de base en question : de l’impôt négatif au revenu de transition.
Louis MarionLouis Marion s’intéresse à la décroissance depuis une vingtaine d’années. Il est l’un des auteurs du manifeste de la décroissance en 2005. Il a fondé au sein du GRIP (groupe de recherche d’intérêt public) de l’UQAM, le CAPTÉE (Collectif d’anticipation politique des tragédies encore évitable), a cofondé le MQDC (Mouvement québécois pour une décroissance conviviale) et participé au CRITIC (Collectif de recherche interuniversitaire et transdisciplinaire sur les impasses de la croissance). Avec Yves Marie Abraham et Hervé Philippe, il a publié Décroissance versus développement durable en 2011, puis, seul, Comment exister encore, en 2015. Il est également l’auteur de plusieurs articles sur Günther Anders dont « La perte de l’expérience chez Günther Anders », en 2007.
Estelle LouineauDétentrice de deux maîtrises en énergie et environnement, Estelle Louineau a travaillé pendant quatre ans comme analyste en analyse du cycle de vie et occupe maintenant un poste d'ingénieure en modélisation énergétique
Philippe GauthierPhilippe Gauthier est détenteur d'un M.Sc. en science politique de l'Université de Montréal et est aussi formé en management à HEC Montréal. Il a longtemps été journaliste et publie actuellement un blogue sur l'énergie en plus de tenir une chronique sur l'environnement à la radio. Il travaille à titre de chercheur contractuel en redirection écologique et sur les enjeux énergétiques, ainsi que comme chargé de cours.
Sophie TurriSophie Turri est titulaire d’une maîtrise en sciences politiques et d’un DESS en environnement. Elle gère les communications d'un organisme environnemental spécialisé en droit de l'environnement, tout en oeuvrant au sein du collectif citoyen de décroissance conviviale de Montréal et dans le groupe de recherche Polémos sur la décroissance
Bastien BoucheratBastien Boucherat est doctorant en géographie au laboratoire de simulation environnementale de l’université de Montréal et travaille sur la modélisation des dynamiques des communautés microbiennes des sols agricoles.
Noémie Bureau-CivilNoémi Bureau-Civil est co-coordonnatrice du groupe de recherche Polémos. Elle détient une maîtrise scientifique en physiothérapie, domaine dans lequel elle a travaillé dix ans avant de se réorienter dans le communautaire. En 2021, elle s'est présentée aux élections fédérales comme candidate indépendante «pour une décroissance choisie» dans sa circonscription.
Andrea LevyAndrea Levy détient un doctorat en histoire de l’Université Concordia. Elle a consacré sa thèse à une biographie intellectuelle d’André Gorz. Chercheuse indépendante et journaliste engagée, elle codirige depuis des années la revue de gauche Canadian Dimension où elle a également signé une chronique sur l’écocide de 2010 à 2019. Au cours des 15 dernières années, elle a aussi collaboré régulièrement à la revue Les Nouveau Cahiers du socialisme. Elle travaille à son compte comme rédactrice et traductrice.