Une conversation avec Sabu Kohso, auteur de Radiations et révolution
Le dimanche 19 juin 2022, à 14h15.
Lien vers l'événement Permalien sur Résistance Montréal
Un Tiers Lieu à Montréal (TLM), 5031 St-Denis (métro Laurier)
L'activité se déroulera principalement en anglais, la traduction chuchotée sera offerte au besoin.
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Soixante-dix-sept ans se sont écoulés depuis Hiroshima et Nagasaki et onze ans depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima. Adoptant un air menaçant, les États nucléaires remettent à l’ordre du jour l’éventualité d’un usage d’armes nucléaires tactiques. Au Japon, les faucons débattent en plein parlement de la possibilité de cautionner l’utilisation par les Etats-Unis d’armes nucléaires contre d’hypothétiques ennemis communs : Russie, Chine et Corée du Nord. Au même moment, le gouvernement décide de rejeter dans l’océan Pacifique les eaux usées radioactives provenant des réacteurs paralysés de Fukushima Daiichi. Les inquiétudes exprimées au niveau international et les protestations au Japon n’ont pas été en mesure d’annuler cette décision fatale.
Le Janus à deux visages de l’énergie nucléaire (arme et énergie) revient par vagues successives dans le discours public, encore et toujours. À chaque retour plus familière, la menace nous laisse chaque fois plus insensibles. Nous sommes engourdis par l’ampleur de la destruction possible, par la potentialité réelle d’une annihilation totale. Nos sens sont saisis par l’abstraction et ce que Günther Anders appelait la « cécité apocalyptique » (Apokalypse-Blindheit) continue donc d’opérer à travers le monde.
À la suite d’Anders, une critique métaphysique du pouvoir incapacitant reste à élaborer. Dans le contexte actuel, cette critique ne peut se contenter de viser uniquement la psychologie des masses, elle doit aussi s’attaquer à la subjectivation de l’opposition et des forces de contestation. Dans le prolongement de Radiations et révolution et de son chapitre 4 « Le changement climatique de la lutte », Sabu Kohso cherche à expliquer la difficulté structurelle des oppositions radicales à affronter le Janus nucléaire. Pour cela, il replonge dans le contexte des luttes, depuis les mouvements révolutionnaires des années 1960 jusqu’aux activismes d’aujourd’hui. Dans ce mouvement, il cherche à clarifier la nature de nos « vies-en-lutte », cette lutte de plus en plus nécessaire, au centre des catastrophes planétaires continues et irréversibles, au milieu des radiations.
Quelques questions fondamentales seront soumises à la discussion du public : Comment le militantisme d’opposition doit-il faire face à la violence suprême des Etats et aux appareils de destruction surabondants (des bombes nucléaires aux armes à feu automatiques) ? Dans la confrontation avec l’ennemi, comment les oppositions peuvent-elles se renforcer en maintenant leur autonomie, plutôt que de devenir un adversaire symétrique (avec ses quantités égales de bombes nucléaires et d’armes à feu) ? Enfin, comment élaborer une stratégie de traitement collectif des biens communs négatifs s’accumulant partout - les armes en surnombre, les infrastructures en ruines, les polluants, etc. – pour la survie de nos communautés autonomes?
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Sabu Kohso est né à Okayama dans le sud du Japon. Il a passé sa jeunesse à Tokyo et vit à New York depuis 1980. Militant de longue date dans la lutte anticapitaliste, il a participé avec des ami·es au Japon et en Corée à l’organisation de débats et de manifestations contre la mondialisation capitaliste et dans d’autres tentatives pour relier les luttes autonomes en Asie avec celles en Europe et aux Amériques. Théoricien du politique et du social, il a écrit une série de livres en japonais sur l’espace urbain et les luttes populaires à New York ainsi qu’un livre sur la philosophie de l’anarchisme planétaire, tous traduits en coréen. Aux Éditions de la rue Dorion et chez Divergences, il a fait paraître Radiations et révolution (2021; www.ruedorion.ca/radiations-et-revolution). Il a traduit de l’anglais au japonais des ouvrages de David Graeber (Fragments of an anarchist anthropology et Debt: The First 5000 Years) et de John Holloway (Crack Capitalism), et traduit du japonais à l’anglais des travaux théoriques de l’architecte Arata Isozaki (Japanness in Architecture) et des essais du philosophe et critique littéraire Kōjin Karatani (Architecture as Metaphor et Transcritique). Il a été l’un des artisans du cahier d’enquêtes politiques Fukushima et ses invisibles (Éditions des mondes à faire, 2018).
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